LA RECOUVRANCE goélette brestoise
Brest / Hoedic

18-19-20 octobre 2008



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18octobre 2008 Brest - Quai Malbert / Île de Sein

Quelle magnifique croisière nous attend à bord de La Recouvrance! Sein, les îles de Glénan, Hœdic, l'Île d'Yeu, Les Sables d'olonne. Que des escales de rêve!

Domi et moi sommes arrivés à Brest hier par TGV. Marie-Laure est venue nous accueillir avec sa gentillesse coutumière et nous a hébergés dans sa jolie maison de Landeda, à deux pas de l'Aber Wrach au bord duquel nous avons dégusté d'excellentes crêpes dont les bretons ont le secret.

Jean-Hervé en stage pour passer son brevet de pilote 500, c'est Yann qui commande la goélette. Jean-Luc est toujours aux fourneaux, mais ce sera sa dernière croisière: dans quelques semaines, il rejoindra un superbe yacht en Méditerranée. Yannick et Maël sont toujours fidèles au poste, Morgan que nous ne connaissions pas complète l'équipage. Domi est le seul élément féminin de la croisière, puisque du côté passagers il y a avec nous Patrick, Pierre-Jean, Denis, Philippe, Georges, François, Yves, Yanick, Emeric et Hubert.

Pour un mois d'octobre, nous avons la chance de bénéficier d'une météo particulièrement clémente. Il ne fait pas bien chaud (3° ce matin au thermomètre extérieur de la 206 de Marie-Laure) mais le ciel est relativement dégagé. Nous devons avant de partir faire le plein de gazole, et de fait, nous ne quittons le port que vers 10h. A la sortie du Goulet de Brest, Yann me propose de prendre la barre, ce que je fais avec un plaisir évident. Le vent est faible, la mer est calme, je n'ai aucune difficulté à suivre la route qui m'est indiquée.

L'île de Sein ne tarde pas à se profiler à l'horizon, et La Recouvrance est amarrée au coffre à 13h33 (merci aux appareils photo numériques qui indiquent l'heure de chaque cliché). Le temps de mettre le zodiac à l'eau, et 20 minutes plus tard, nous sommes sur le quai. Nous avons donc quatre bonnes heures devant nous pour découvrir cette île mythique. Voir la galerie Île de Sein.

Nous sommes de retour à bord de la goélette vers 18h, pour l'apéritif traditionnel. Le premier dîner se passe dans une ambiance particulièrement amicale, et le groupe de passagers est sans doute l'un des plus chaleureux que nous ayons rencontré. Patrick le "Noirmoutrain" et Pierre-Jean le Lyonnais, Charentais d'adoption ne cessent de se lancer de gentilles piques régionales, et Denis le Bordelais n'est pas en reste. Bref, que de la bonne humeur.





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19 octobre 2008 - Île de Sein / Penfret

Il est presque 9h00 lorsque La Recouvrance quitte le mouillage de l'Île de Sein.
La météo est propice. Un vent de sud-est de force 4 permet à La Recouvrance de filer rapidement 7 à 8 nœuds. Pendant une heure nous naviguons tribord amure au 105 dans la baie d'Audierne. Puis à 10h00, nous effectuons un virement de bord pour repartir vers le large. Nouveau virement de bord vers 11h30.

Peu après 16h00, se produit un évènement que tous les marins accueillent avec joie: l'arrivée d'une bande de dauphins facétieux vient nous sortir de nôtre rêverie. Ils sont splendides, et pour les citadins que nous sommes, pouvoir admirer ces animaux en liberté est une chance formidable. Certes, les marins aguerris diront sans doute que ce n'est rien que de très banal, que c'est courant de les voir ainsi, il n'empêche que c'est un spectacle qu'il ne faut surtout pas manquer. Pendant plus de 10 minutes, ils vont et viennent, sautant devant l'étrave du voilier, à droite, à gauche, jaillissant au ras de la coque. Je suis sûr qu'ils prennent un réel plaisir en nous accompagnant pour un bout de chemin.

Il est un peu plus de 17h lorsque nous arrivons aux îles de Glénan. Yann choisit d'aller mouiller à l'abri de Penfret. Il est trop tard pour débarquer, et de toutes façons, il n'y a pas grand-chose à faire sur l'île. Le vent est tombé et quelques uns mettent à profit ce mouillage calme pour monter dans la mâture. Je reste sur le pont bien sûr, puisque j'ai le vertige, comme j'ai eu l'occasion de m'en rendre compte en 2004.

Un fin de journée, le ciel rougeoyant annonce pour demain une journée plutôt venteuse, ce qui en l'occurrence ne peut que nous ravir.

Après dîner, une partie de belote enjouée nous emmène jusque vers 23h00. La nuit est particulièrement calme.



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20 octobre 2008
- Penfret / Hœdic


Nous levons l'ancre vers 9h00. Le vent de sud-sud-ouest est déjà levé. Le ciel est assez couvert mais il n'y a pas de menace de grain. Il faut quand même enfiler les vêtements de pluie car avec la houle et la vitesse, on reçoit de bons paquets d'embruns. On navigue au 130 et la
goélette approche les 10 noeuds. En fait, au niveau de la navigation la journée est particulièrement tranquille: on fait Penfret - Hoedic (près de 60 miles) d'un seul bord. Pas de manoeuvre, si ce n'est de temps à autres pour régler une voile!

Vers 11h00, nouvelle rencontre avec les dauphins. Ce n'est pas étonnant d'après Morgan, car il y a une famille qui vit paraît-il aux environs de Groix, et il est assez rare de ne pas les rencontrer. Ils viennent à leur tour jouer avec La Recouvrance pendant une dizaine de minutes. Génial.

Nous laissons Houat sur bâbord en nous engageant dans le passage de l'Île aux Chevaux. La région est parsemée de rochers connus pour être particulièrement dangereux à marée basse. Mais la marée est haute et le coefficent élevé, il n'y a donc pas de risque à prendre cette route.

Nous arrivons devant le petit port d'Hœdic à 16h00 et nous mouillons à quelques dizaines de mètres de l'entrée du port. Compte tenu de la dimension de l'île, il n'y a aucun problème pour en faire le tour sans faire attendre Morgan et le zodiac pour le retour à bord. Voir la galerie île d'Hœdic.

Après un excellent dîner (comme d'habitude) nous reprenons la partie de belote endiablée d'hier. Le vent s'est renforcé et nous l'entendons siffler dans les haubans. Nous allons nous coucher vers minuit. Demain, une navigation assez longue nous attend pour rallier l'Île d'Yeu.

A 1h15 nous sommes réveillés par une violente secousse et un bruit terrible. Morgan gicle littéralement de sa cabine et monte sur le pont mettre le moteur en route. Maël vient nous dire de monter sur le pont et de mettre nos brassières de sauvetage. De nouvelles secousses accompagnées d'un bruit amplifié par la chambre d'écho que forme l'intérieur du voilier nous font comprendre la situation: il faut se rendre à l'évidence, l'ancre a chassé et La Recouvrance a dérivé vers la plage. Sur le pont, Maël nous regroupe, nous compte et nous recompte. Le projecteur du grand-mât éclaire le pont balayé par la pluie et les embruns, car le vent souffle fort et les déferlantes éclatent contre la coque du navire. Autour, c'est le noir presque complet, les deux ou trois lumières du port d'Hœdic n'étant pas assez fortes pour éclairer la côte. Tout au plus elles nous permettent de nous situer approximativement. On ne sait pas si on est sur les rochers ou sur le sable. On a peur pour le bateau, à chaque fois qu'une vague le fait bouger et racler le fond. Maël est allé inspecter l'intérieur: il n'y a pas de voie d'eau ni à l'avant ni à l'arrière. Le sang-froid de l'équipage est exemplaire. Chaque marin s'active avec rapidité mais sans précipitation. Et du coup personne ne panique, personne n'a peur pour sa personne. J'ai peur pour le voilier, peur qu'il se fracasse sur les rochers et qu'il soit perdu. Mais pas peur pour moi.

La Recouvrance est prisonnière car la marée est descendante. Après 45 minutes d'efforts et de tentatives diverses, on décide de nous déposer à terre. En deux tours d'annexe nous sommes regroupés sur le quai. Moins d'une heure plus tard, nous nous retrouvons dans la salle de la Mairie où M. le Maire nous attend avec du café chaud. Le Maire a décidé de faire ouvrir deux gîtes municipaux pour nous permettre de nous reposer en attendant la suite des évênements.

Je ne reviens pas sur les circonstances exactes de cet échouement car je n'ai pas toutes les données du problème. Il a été écrit beaucoup de sottises à ce sujet dans la presse écrite et sur le net et je ne veux pas prendre le risque de réalimenter une polémique stérile.

Je tiens seulement à rendre hommage au professionnalisme des marins de La Recouvrance grâce auquel cet incident qui aurait pu se transformer en catastrophe s'est terminé sans aucun dommage pour les passagers, comme pour le voilier d'ailleurs. Et nous avons tous regretté la décision (justifiée toutefois) des affaires maritimes qui ont refusé que nous poursuivions la croisière tant que le bateau n'aurait pas été sorti de l'eau pour une vérification plus complète que celle effectuée par les pompiers plongeurs.

Je tiens aussi à rendre hommage à la population d'Hœdic qui nous a recueilli chaleureusement, comme M. le Maire qui, la cheville plâtrée est venu nous accueillir en personne, la boulangère qui a remis son four en route pour nous faire quelques délicieux croissants, la petite dame inconnue qui a retraversé l'île sous la pluie pour aller nous chercher une plaquette de beurre prise dans son frigo. On parle souvent de la solidarité des gens de mer, je peux désormais en parler en connaissance de cause.

Au final, La Recouvrance n'a subi aucun dégât. A marée montante elle s'est sortie toute seule de son piège. Le bordé d'échouage a été "mâché" sur 20 cm² et 2 cm de profondeur et c'est tout. Les deux jours restant à naviguer seront reportés à plus tard.



Voir la fiche technique de La Recouvrance

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