FLEUR DE LAMPAUL gabare de Camaret
St Vaast / Île de Wight / St Vaast
6-7-8-9
septembre 2012



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6/7 septembre - Traversée aller

Il est 21h lorsque nous embarquons à bord de Fleur de Lampaul à St Vaast la Hougue. Nous sommes douze adhérents des Amis des Grands Voiliers et nous avons affrété le voilier pour une cette belle traversée que nous proposait Gilles Auger, son propriétaire. Arrivant de la Région Parisienne et de Bretagne par des moyens de transports variés, nous nous sommes tous retrouvés au "Chasse-marée", un excellent petit restaurant, idéalement situé juste en face de l'endroit ou Fleur de Lampaul est amarré.

Ludivine est seule à bord et nous réceptionne. Nous avons pensé un instant pouvoir partir dès ce soir, mais les conditions météo (pas de vent) nous obligent à remettre le départ au 7 en fin de matinée. Qu'importe, cela nous permet de prendre possession tranquillement de nos quartiers et de profiter sur le pont de la douce chaleur de cette fin d'été. Vers 22h le port commence à s'animer. Les portes de l'écluse ne vont pas tarder à s'ouvrir et les chalutiers se préparent à sortir. Il n'y a pas un pouce de vent, et nous prenons un réel plaisir à deviser sur le pont, tout en admirant le spectacle que nous offre le port illuminé par les réverbères et les phares des bateaux de pêche.

Le vendredi matin est mis à profit pour réaliser, du moins pour moi, une grande première: nous avions prévu de faire le Conseil d'Administration à bord du voilier. Sur dix membres du Conseil nous sommes six à être présents. Les quatre autres n'ayant pu venir, nous avions décidé de ne pas aborder les sujets les concernant, et ainsi, fait unique sans doute dans les annales de l'association, nous bouclons notre réunion en moins de trois heures! Lorsque Ludivine met le moteur en route, le Conseil est terminé!

Pendant ce temps, Yann et Mélisande ont rejoint le navire. L'équipage est donc composé de Ludivine (capitaine), Yann (second) et Mélisande (matelot-cuisinier). Nous attendons l'ouverture des portes et les amarres sont larguées à 13h20.

Il fait beau. Trop beau, même. Il n'y a pratiquement pas un nuage, mais il n'y a que très peu de vent, du nord-est qui plus est, ce qui n'est pas ce qu'il y a de mieux pour la route que nous devons emprunter. On envoie toute la toile. Grand-voile, artimon, foc et trinquette sont établis rapidement. Le flèche, cette voile quadrangulaire qui vient s'établir entre le haut du grand mât et le pic nous donne un peu de fil à retordre. Il n'est à bord du voilier que depuis peu. Il faut hisser la voile avec sa vergue, et faire passer le tout entre les cordages capelés sur le mât. A deux reprises la vergue passe du mauvais côté d'une drisse ou d'une pantoire et il faut redescendre le tout d'un mètre ou deux, tenir pendant que Yann et Méli orientent la vergue en agissant sur l'amure ou l'écoute. Les muscles des bras se tétanisent, on finit la manœuvre épuisés.

Malgré cela on n'avance guère. Fleur de Lampaul a d'énormes qualités, mais c'est un voilier lourd et ce ne sont pas les 3 ou 4 nœuds de vent qui suffiront. Il faut donc redémarrer le moteur pour assurer une vitesse suffisante. N'oublions pas que nous allons devoir traverser les rails montant et descendant du Casquet, et il n'est pas question de rester en panne sur la route des supertankers!

Nous faisons des quarts de trois heures. Pour ma part, je prends de 1h à 4h en compagnie de Jeanne et Ludivine. Un quart particulièrement calme, la route des cargos a été croisée lors du quart précédent. Nous apercevons les lumières de Wight vers 3h, en particulier les deux grandes antennes TV et leurs colonnes de lumières rouges. Nous contournons Wight par l'Est et nous pénétrons dans le fameux Solent, La Mecque de la plaisance, au petit jour, sous les premiers rayons d'un soleil qui promet d'être généreux. Il est 7h10 chez nos amis britanniques qui ont une heure d'avance sur nous, et le ballet des ferries et des navettes a commencé. Nous remontons lentement l'East Solent, laissant Ryde à bâbord pour finalement mouiller à l'embouchure d'une rivière, Wootton Creek. Il est un peu plus de 10h lorsque Yann met l'annexe à l'eau, et en deux tours de "zozo", ceux qui souhaitaient débarquer sont à terre.



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7/8 septembre - Île de Wight


Nous empruntons un chemin qui longe le parking où viennent sagement se ranger les voitures en attente d'embarquer sur le ferry, et qui débouche sur la rue. Fishbourne est un joli petit village, tel que l'imagerie populaire nous fait représenter les villages anglais. Il y a sans doute de nombreuses résidences secondaires, c'est plutôt bourgeois, bien entretenu avec de magnifiques pelouses ressemblant à du velours. Nous empruntons un petit chemin boisé entre les propriétés, sans savoir exactement où nous allons. A un petit carrefour, tandis que nous essayons de comprendre les inscriptions sur les pancartes, un habitant passant en voiture s'arrête pour nous expliquer que nous ne trouverions rien d'intéressant de ce côté. Surprenant. Sur le continent l'homme aurait continué en se disant simplement qu'on était en train de se fourvoyer!

Nous n'essayons donc pas de trouver autre chose et nous rebroussons chemin. Autre attitude à laquelle nous Français ne sommes pas habitués, le barman du Royal Yacht Club de Fishbourne nous ouvrira les portes du club alors qu'il ne doit ouvrir que quinze minutes plus tard. En France, je pense que nous aurions trouvé porte close, ou qu'à tout le moins le barman nous aurait dit de repasser. Nous avons pu ainsi déguster d'excellentes bières anglaises, confortablement installés à la terrasse du club, appréciant la douceur du paysage.

Le soir, nous nous amarrons à un ponton de débarquement à Cowes, et après avoir résolu quelques problèmes de branchement d'eau et d'électricité, nous nous mettons en quête d'un restaurant en ville. Et là, autre surprise, nous avons très bien dîné. Du moins, certains d'entre nous, Daniel D., qui voulait goûter un plat typiquement local n'ayant pas apprécié je crois le canard au chocolat... Mais au moins, nous savons aujourd'hui qu'Outre-Manche, on peut se faire servir un pavé de bœuf saignant, et qu'il n'y a pas forcément de la gélatine fluo dans tous les desserts!

Ce sera malheureusement ma seule visite, un mal de tête particulièrement coriace me clouant dans ma bannette et dans le noir jusqu'au lendemain midi. Non, le vin rosé consommé au restaurant n'y est pour rien, la douleur ayant fait son apparition quelques heures auparavant. Je manquerai donc un fabuleux lever du jour, le Solent nappé d'une brume que seuls perçaient les mâts des voiliers au mouillage, ainsi qu'une agréable promenade dans les rues pittoresques de Cowes. Le reste de l'île, je le verrai...depuis le voilier.

Repartant de Cowes, nous tirons à nouveau des bords, cette fois dans le West Solent, nous permettant d'admirer de superbes petits villages, les maisons blotties les unes contre les autres au milieu de la verdure. Nous remontons ainsi vers le soleil couchant pour un bref mouillage tout près des mythiques "Needles".


 



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8 septembre - Île de Wight - Régate

Après avoir quitté le mouillage au large de Wootton Creek, nous passons l'après-midi à tirer des bords dans l'East Solent. En direction de Cowes, nous sommes impressionnés par la multitude de voiliers de plaisance navigant sur toute la largeur du bras de mer. Rien d'étonnant à cela, nous arrivons en pleine régate. Il y a des voiliers partout! L'expression selon laquelle l'Angleterre est un peuple de marins prend ici toute sa dimension.

Nous ne pouvons faire autrement que de leur couper la route pour rejoindre le port. Mais les régatiers sont habitués et ne nous en veulent pas, même si certains se trouvent déventés par la voilure de Fleur de Lampaul. De toutes façons, ils doivent composer avec les rapides ferries qui relient Cowes à Southampton et qui ne dévient pas leur route d'un iota.

Le spectacle est impressionnant. Il y a pratiquement un départ de catégorie toutes les cinq minutes, ce qui fait que nous sommes constamment entourés de concurrents. Les photographes sont à la noce, une magnifique lumière autorisant des contre-jours osés.

 






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9 septembre - Traversée retour

Il est 1h du matin lorsque Ludivine met le moteur en route pour quitter le mouillage. Je suis de quart avec Daniel F. et Patrick. Encore une fois, la nuit est des plus agréables. On envoie foc et trinquette. En pleine nuit, avec juste la lueur de la lune, nous sommes dans le dernier quartier, c'est un véritable régal. Mais deux heures plus tard il faudra les amener pour ne pas faire route trop à l'Ouest.

Le ciel est toujours aussi beau. Trop beau, même, et comme à l'aller, on est obligés de s'appuyer au moteur, faute de vent. Le retour se passera donc aussi calmement que l'aller.

Nous avons le temps d'apprécier le confort du voilier. Les espaces de vie sont largement dimensionnés, les bannettes larges et il y a suffisamment de place pour les bagages. La cuisine est elle aussi bien aménagée, et...bien remplie! Les boiseries mettent bien en valeur le volume impressionnant du carré. Il est vrai que cette gabare était à l'origine un bateau de travail, solide et ventru. Sa reconversion en voilier à passager est une parfaite réussite.

L'équipage quant à lui est vraiment au top. Ludivine se montre un vrai patron, marin moderne sachant naviguer à l'ancienne, le charme et la gentillesse en prime!

 



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