FLEUR
DE LAMPAUL
gabare de Camaret
St Vaast / Île de Wight / St Vaast
6-7-8-9
septembre 2012
Ludivine est seule à bord et nous réceptionne. Nous avons pensé un instant pouvoir partir dès ce soir, mais les conditions météo (pas de vent) nous obligent à remettre le départ au 7 en fin de matinée. Qu'importe, cela nous permet de prendre possession tranquillement de nos quartiers et de profiter sur le pont de la douce chaleur de cette fin d'été. Vers 22h le port commence à s'animer. Les portes de l'écluse ne vont pas tarder à s'ouvrir et les chalutiers se préparent à sortir. Il n'y a pas un pouce de vent, et nous prenons un réel plaisir à deviser sur le pont, tout en admirant le spectacle que nous offre le port illuminé par les réverbères et les phares des bateaux de pêche. Le vendredi matin est mis à profit pour réaliser, du moins pour moi, une grande première: nous avions prévu de faire le Conseil d'Administration à bord du voilier. Sur dix membres du Conseil nous sommes six à être présents. Les quatre autres n'ayant pu venir, nous avions décidé de ne pas aborder les sujets les concernant, et ainsi, fait unique sans doute dans les annales de l'association, nous bouclons notre réunion en moins de trois heures! Lorsque Ludivine met le moteur en route, le Conseil est terminé! Pendant ce temps, Yann et Mélisande ont rejoint le navire. L'équipage est donc composé de Ludivine (capitaine), Yann (second) et Mélisande (matelot-cuisinier). Nous attendons l'ouverture des portes et les amarres sont larguées à 13h20. Il
fait beau. Trop beau, même. Il n'y a pratiquement pas un nuage,
mais il n'y a que très peu de vent, du nord-est qui plus est,
ce qui n'est pas ce qu'il y a de mieux pour la route que nous devons
emprunter. On envoie toute la toile. Grand-voile, artimon, foc et trinquette
sont établis rapidement. Le flèche, cette voile quadrangulaire
qui vient s'établir entre le haut du grand mât et le pic
nous donne un peu de fil à retordre. Il n'est à bord du
voilier que depuis peu. Il faut hisser la voile avec sa vergue, et faire
passer le tout entre les cordages capelés sur le mât. A
deux reprises la vergue passe du mauvais côté d'une drisse
ou d'une pantoire et il faut redescendre
le tout d'un mètre ou deux, tenir pendant que Yann et Méli
orientent la vergue en agissant sur l'amure ou l'écoute. Les
muscles des bras se tétanisent, on finit la manuvre épuisés. Nous faisons des quarts de trois heures. Pour ma part, je prends de 1h à 4h en compagnie de Jeanne et Ludivine. Un quart particulièrement calme, la route des cargos a été croisée lors du quart précédent. Nous apercevons les lumières de Wight vers 3h, en particulier les deux grandes antennes TV et leurs colonnes de lumières rouges. Nous contournons Wight par l'Est et nous pénétrons dans le fameux Solent, La Mecque de la plaisance, au petit jour, sous les premiers rayons d'un soleil qui promet d'être généreux. Il est 7h10 chez nos amis britanniques qui ont une heure d'avance sur nous, et le ballet des ferries et des navettes a commencé. Nous remontons lentement l'East Solent, laissant Ryde à bâbord pour finalement mouiller à l'embouchure d'une rivière, Wootton Creek. Il est un peu plus de 10h lorsque Yann met l'annexe à l'eau, et en deux tours de "zozo", ceux qui souhaitaient débarquer sont à terre. |
Nous n'essayons donc pas de trouver autre chose et nous rebroussons chemin. Autre attitude à laquelle nous Français ne sommes pas habitués, le barman du Royal Yacht Club de Fishbourne nous ouvrira les portes du club alors qu'il ne doit ouvrir que quinze minutes plus tard. En France, je pense que nous aurions trouvé porte close, ou qu'à tout le moins le barman nous aurait dit de repasser. Nous avons pu ainsi déguster d'excellentes bières anglaises, confortablement installés à la terrasse du club, appréciant la douceur du paysage. Le soir, nous nous amarrons à un ponton de débarquement à Cowes, et après avoir résolu quelques problèmes de branchement d'eau et d'électricité, nous nous mettons en quête d'un restaurant en ville. Et là, autre surprise, nous avons très bien dîné. Du moins, certains d'entre nous, Daniel D., qui voulait goûter un plat typiquement local n'ayant pas apprécié je crois le canard au chocolat... Mais au moins, nous savons aujourd'hui qu'Outre-Manche, on peut se faire servir un pavé de buf saignant, et qu'il n'y a pas forcément de la gélatine fluo dans tous les desserts! Ce sera malheureusement ma seule visite, un mal de tête particulièrement coriace me clouant dans ma bannette et dans le noir jusqu'au lendemain midi. Non, le vin rosé consommé au restaurant n'y est pour rien, la douleur ayant fait son apparition quelques heures auparavant. Je manquerai donc un fabuleux lever du jour, le Solent nappé d'une brume que seuls perçaient les mâts des voiliers au mouillage, ainsi qu'une agréable promenade dans les rues pittoresques de Cowes. Le reste de l'île, je le verrai...depuis le voilier. Repartant de Cowes, nous tirons à nouveau des bords, cette fois dans le West Solent, nous permettant d'admirer de superbes petits villages, les maisons blotties les unes contre les autres au milieu de la verdure. Nous remontons ainsi vers le soleil couchant pour un bref mouillage tout près des mythiques "Needles". |
8
septembre - Île de Wight - Régate Nous ne pouvons faire autrement que de leur couper la route pour rejoindre le port. Mais les régatiers sont habitués et ne nous en veulent pas, même si certains se trouvent déventés par la voilure de Fleur de Lampaul. De toutes façons, ils doivent composer avec les rapides ferries qui relient Cowes à Southampton et qui ne dévient pas leur route d'un iota. Le spectacle est impressionnant. Il y a pratiquement un départ de catégorie toutes les cinq minutes, ce qui fait que nous sommes constamment entourés de concurrents. Les photographes sont à la noce, une magnifique lumière autorisant des contre-jours osés.
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9
septembre - Traversée retour Le ciel est toujours aussi beau. Trop beau, même, et comme à l'aller, on est obligés de s'appuyer au moteur, faute de vent. Le retour se passera donc aussi calmement que l'aller. Nous avons le temps d'apprécier le confort du voilier. Les espaces de vie sont largement dimensionnés, les bannettes larges et il y a suffisamment de place pour les bagages. La cuisine est elle aussi bien aménagée, et...bien remplie! Les boiseries mettent bien en valeur le volume impressionnant du carré. Il est vrai que cette gabare était à l'origine un bateau de travail, solide et ventru. Sa reconversion en voilier à passager est une parfaite réussite. L'équipage quant à lui est vraiment au top. Ludivine se montre un vrai patron, marin moderne sachant naviguer à l'ancienne, le charme et la gentillesse en prime!
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