L'ÎLE D'YEU (France - Vendée)
46"43'30"
Nord - 2"20'50" Ouest
23 km² - Altitude maxi 32 m.



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PORT-JOINVILLE

Que l'on arrive par bateau ou par l'hélico, c'est à Port-Joinville qu'on pose le premier pied sur l'île. J'adore Port-Joinville, la "capitale". On dirait un grand port, en plus petit. J'aime la vue et l'ambiance du quai Carnot, avec ses boutiques, ses restaurants, la poissonnerie, les façades de ses maisons, blanches pour la plupart. Pas d'immeuble démesuré, pas d'enseigne tapageuse et racoleuse. Tout est resté dans la mesure et dans le respect des traditions. Comme nulle part ailleurs, chaque fois que je débarque à Port-Joinville, je ressens une sensation difficile à décrire, comme une sorte de jouissance et de fierté mélangée.

J'ai toujours aimé me promener le long des quais. Il y a toujours une intense activité. Les pêcheurs déchargent les thoniers pour aller vendre leurs prises à la criée, ou arment leur bateau pour la prochaine marée, un canot au moteur toussotant part poser des casiers, pendant que les vedettes du continent débarquent leurs lots de voyageurs.

A l'extrême droite du quai Carnot se trouve la Place de la Norvège. Une statue, offerte par ce pays rappelle le tragique sauvetage du cargo norvégien Ymer par les sauveteurs Islais, dans des conditions climatiques épouvantables. Onze marins périrent dans cette opération. Au delà se trouvent les vestiges des anciennes conserveries. Il y eut jusqu'à cinq usines en même temps, dont Bouvais-Flon et Saupiquet.

Lorsqu'on pénètre à l'intérieur de la ville, on est saisi par le charme de ses ruelles, qui serpentent en montant vers l'église. Rue des Farfadets, rue du Coin du Chat, rue de la Fée, rue de la Fourchette, ces curieux noms de rues ont sans doute une histoire dont les traces se sont effacées avec le temps. Bien protégés du vent par des petits murets, exposés au soleil de l'été, les jardinets abritent de nombreuses fleurs méridionales.

La restauration de qualité n'est pas absente, loin s'en faut, à Port-Joinville. Bien sûr les spécialités de la mer sont présentes sur toutes les cartes, et les Islais ont une connaissance des diverses façons de préparer le poisson tout à fait exceptionnelle. Les amateurs de fruits de mer apprécieront entre autres les fameux patagos, un coquillage proche de la coque et de la palourde que l'on déguste en marinière ou à la crème.

Certains soirs, lorsque la douceur estivale incite les jeunes à descendre sur le port, le Quai Carnot résonne au son des guitares et des guimbardes.




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LA CÔTE DES PLAGES

C'est la côte qui est tournée vers le continent, celle qui est le plus à l'abri des vents du large. Il y a bien quelques zones rocheuses de temps à autres, mais la majorité du littoral, de la Pointe de la Gournaise à celle des Tamarins, est constitué de jolies plages au sable fin et clair. La plupart sont encadrées d'avancées rocheuses abritant une faune aquatique qui fait le régal des amateurs de fruits de mer qui aiment venir sur place pêcher leur plateau du jour. Anse de Ker Châlon, Plage des Sapins, du Marais Salé, ou de la Grande Conche, autant de belles étendues de sable propices aux jeux des enfants, et où les plus grands s'adonnent aux joies du catamaran ou du kite surf.

Parmi les curiosités à ne pas manquer tout près des plages, quelques vestiges préhistoriques comme les dolmens de la Planche à Puare, des tabernaudes et des Petits Fradets.

 

 



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LA CÔTE SAUVAGE

Sans doute l'une des plus belles côtes du littoral français. De la Pointe des Corbeaux à la Pointe du But, on peut découvrir une succession de falaises déchiquetées par les assauts des tempêtes et de criques abritant des plages de sable doré, des abris naturels comme le Port des Vieilles et le Port de La Meule, ou encore le Vieux Château, témoin des luttes acharnées que se livrèrent ici Français et Anglais.

La Pointe des Corbeaux, ou simplement Les Corbeaux comme l'on dit sur l'île, se présente comme une sorte d'énorme amas de rochers qui auraient été déposés en vrac, sans ordre apparent. Leur tranche fait parfois apparaître des couches de couleur et de consistance différentes. L'endroit passe pour être le rendez-vous des sorcières. Sur la gauche, quelques petites cabanes de pêcheurs appartiennent à de vieilles familles ogiennes. Un phare signale cet endroit particulièrement dangereux.

Sur la plage des Vieilles, qui rire son nom du poisson que l'on trouve en abondance autour de l'île, les vagues viennent éclater en magnifiques rouleaux, tandis que quelques dizaines de mètres plus loin, un port miniature dispute à Port-Racine le titre de plus petit port de France. En poursuivant vers l'est, après être passé entre la plage des Soux et les pierres du Pain et du Beurre, on découvre la Pierre Tremblante, comme une souris monstrueuse, posée au bord de la falaise. Lourde de plusieurs tonnes, cette pierre se trouve en équilibre instable sur une arête, au point qu'un enfant de 10 ans peut la faire bouger. L'espace d'un instant on croit qu'elle va basculer dans le vide et se fracasser sur les rochers. Mais une autre arête bloque le mouvement et la pierre reprend sagement sa place. Sans doute un jour, sa base rongée par les caprices du temps, la Pierre tremblante basculera-t-elle pour de bon, emmenant dans sa chute l'empreinte des milliers de mains qui se seront posées sur elle...

Puis le promeneur arrive au Port de La Meule, qui vaut largement une visite à lui seul.

Avant d'arriver au Vieux Château, le sentier passe près du Gouffre d'Enfer et de la Grotte du Bélier. Ces noms évoquent pour moi ce qu'on appelait quand j'étais petit le "Trou du Canon", grotte dans laquelle les vagues s'engouffraient en comprimant l'air qui se détendait en provoquant un bruit de coup de canon. Les conditions n'étaient peut-être pas réunies pour que le phénomène se produise, toujours est-il que je ne l'ai jamais retrouvé.

Laissant le Vieux Château pour une autre visite particulière, le sentier mène ensuite le randonneur vers la Pointe du Châtelet, occupée dès la préhistoire et qui servit sans doute de refuge aux insulaires contre les invasions. La plage des Sabias et celle des Sables Rouis encadrent la presqu'île. Un peu plus loin se trouve la Pierre à Monsieur, et enfin, peu avant d'atteindre la Pointe du But, on découvre une pierre sculptée par le vent, la Pierre des Amporelles.

La Pointe du But, dite La Pointe par opposition aux Corbeaux, est un endroit particulièrement redouté des marins. Les environs sont truffés de rochers à fleur d'eau, et la balise des Chiens Perrins est là pour signaler le danger. La lumière y est souvent particulière, et les couchers de soleil y sont magnifiques.

 



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LE PORT DE LA MEULE

Abri naturel, le Port de La Meule est la perle de l'île. En venant de Port-Joinville par Saint-Sauveur, on traverse le hameau de La Meule, petit village de pêcheurs fait de maisons blanches aux volets colorés. La route descend ensuite en sinuant entre de gros arbres centenaires et s'arrète au fond du port. La vue y est splendide. A gauche, un sentier monte sur la falaise en direction de la Chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, la plus ancienne chapelle de l'île. A droite un quai adossé à la falaise sur lequel sont rangées quelques cabanes de pêcheurs mène jusqu'au rocher de Gueule de Chien, qui fait face au rocher de Tête Jaune. Entre eux l'étroite passe permet aux embarcations d'entrer dans le port.

La transition est impressionnante par mer agitée entre le calme régnant dans le port et la violence des vagues venant se fracasser sur les rochers, de l'autre côté de la digue. Mais par gros temps, il n'est pas rare que celles-ci passent par dessus.

Au cours des siècles, le village de La Meule a été considérablement endommagé par les tempêtes, surtout lorsque le quai ne reliait pas encore le rocher de Gueule de Chien à la falaise. Il ne reste plus rien aujourd'hui de l'ancien village, le café étant je pense de construction plus récente.

Le sentier qui monte à la chapelle offre au passage une vue intéressante sur le port. S'il n'y a pas de vent, on peut voir l'ombre des barques qui semblent suspendues sur une eau transparente. Puis on surplombe l'entrée du port. Lorsque le ciel est d'un bleu profond, la chapelle toute blanche pourrait faire croire qu'on est en Grèce! A l'intérieur, un magnifique quatre-mâts en orne la poutre. Durant la Révolution, l'autel fut renversé et la pierre sacrée jetée à la mer. Une femme, Jeanne Guisthau kla retrouva et la conserva précieusement chez elle. Après la Révolution, elle la rendit au curé de la paroisse.

Le sentier de droite monte à proximité de la maison du poète islais Marc-Adolphe Guégan qui fait face à la chapelle. Le sentier mène ensuite jusqu'à un gros rocher sur lequel les vagues viennent éclater en de magnifiques gerbes: Le Grand Vilain ou la Tour de Londres. Il faut dire que les habitants de l'Île d'Yeu ont particulièrement souffert des incursions anglaises sur nos côtes!

 

 



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LE VIEUX CHÂTEAU

L'accès le plus direct est celui de la route qui vient de Ker Pissot. Mais au lieu-dit La Bergerie, la route est barrée et fait place à un chemin de terre. A proximité du château, on peut encore voir les vestiges d'un système de défense en étoile. On ne sait que très peu de choses sur sa construction. On pense qu'il a été édifié au XIIème siècle, et ce n'est qu'en 1356 que l'on en fait mention dans un écrit. Du XIVème au XVIIème siècle, le château dût affronter maintes attaques et subit de nombreux sièges de la part des Espagnols et des Anglais.

Mais les techniques militaires ayant évolué, et dans l'impossibilité de garantir leur défense, Louis XIV, comme il le fit en d'autres points de la côte, ordonna la destruction du château désaffecté, craignant de le voir devenir le repaire des corsaires ennemis.

Installé sur un rocher séparé de la terre le château a un aspect très impressionnant. On dit que Hergé s'en serait inspiré pour imaginer le château de Ben More dans l'Île Noire. Les douves naturelles sont particulièrement redoutables. Côté mer, les rochers constamment balayés par les vagues constituent un rempart pratiquement infranchissable, et on n'imagine mal comment l'ennemi aurait pu venir par la mer.

Depuis environ quarante ans, le château est méthodiquement entretenu et restauré par les Monuments historiques et des guides en assurent la visite (conseillée). Toutefois, l'absence de protections impose la plus grande prudence, et certaines pièces de la forteresse ne peuvent être visitées. Le fût d'un canon est exposé dans l'une des pièces ouvertes sur la mer.



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L'INTERIEUR DE L'ÎLE

De Port-Joinville à La Meule comme de Ker Gigou à La Croix, l'Île d'Yeu est parsemée de petits hameaux aux maisons blanches et aux jardins fleuris. Ces hameaux portent des noms parfois surprenants: Ker Pissot, Ker Poiraud...

Après Port-Joinville, le bourg le plus important est Saint-Sauveur, presque au centre de l'île. Au milieu de l'agglomération, l'église a perdu son clocher. Au XVème siècle, le clocher était surmonté d'une flèche d'ardoise très effilée, mais qui au fil du temps menaça de s'effondrer. Servant d'amer pour les marins, il n'était pas question de la détruire. Au XVIIIème siècle, on construisit une flèche d'ardoise de 17 mètres. Mais en 1953, le clocher fut frappé par la foudre et détruit par l'incendie qui s'ensuivit. Aujourd'hui, le clocher roman a un toit plat à tuiles, comme c'était sans doute le cas lors de sa construction.

Tous ces petits villages sont reliés entre eux par de jolies petites routes bordées de muriers sauvages, ou traversent la lande, contournant les bosquets. Quel plaisir de circuler à vélo sur ces routes et ces chemins. Mis à part deux ou trois raidillons, au retour du Port de La Meule et surtout celui qui part de la Plage des Vieilles pour aller vers celle des Soux, les itinéraires sont à la portée de tous les mollets.

Au lieu dit Petite Foule se trouve le Grand Phare. L'histoire de ce phare remonte au XVIIIème siècle. Jusqu'en 1763, le seul repère pour les marins dans cette zone très fréquentée était le clocher de Saint-Sauveur. Lorsque celui-ci menaça de s'effondrer, on envisagea de le reconstruire, plus large pour y placer un feu, ou d'édifier un phare. Le clocher fut reconstruit, mais au lieu d'un phare, on construisit une galerie vitrée qui servit au télégraphe optique sous l'Empire. Mais au XIXème siècle, on prit conscience de la nécessité de construire un phare, ce qui fut fait en 1829. Ce phare mesurait 29 mètres de haut. Il fut détruit par les Allemands en 1945. Il fut reconstruit sur le lieu-dit Petite-Foule en 1950. Haut de 40 mètres, sa lumière porte à 22,5 miles, et le radiophare une portée de 100 miles. Au début des années 2000 le phare n'était plus visitable, l'attitude de certains touristes ayant été jugée trop dangereuse. Aujourd'hui il est rouvert au public sous certaines conditions. Certes les 196 marches à gravir nécessitent parfois une petite halte, mais à l'arrivée le visiteur est récompensé de son effort. On peut voir en effet la totalité de l'île, de la Pointe du But à celle des Corbeaux.

 

 


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