LA RECOUVRANCE goélette brestoise
Port-Blanc / Brest

21-22-23 mai 2007


 


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21 mai 2007 - Port-Blanc / Bénodet

Christine, Domi et moi étant sur place pour la Semaine du Golfe, Yann est venu hier soir nous chercher sur l'Île aux Moines avec l'
annexe sous une pluie battante.
Nous avons passé une bonne nuit au chaud dans nos bannettes, lorsque Christian, Noëlla, Marie-Laure et Isabelle embarquent. Nous récupérons également Jean-Luc, cuistôt du bord, pour notre plus grand plaisir.

Malheureusement, la météo est aussi maussade qu'hier. Ciel bouché, mer calme, très peu de vent, ce qui nous obligera à faire du moteur pour aider les voiles.

Jean-Hervé ayant quitté le bord pour effectuer un stage sécurité, Jean-Marc est passé commandant de la goélette, Yann second, Yannick et Maël sont toujours là, et Jean-Luc est donc aux fourneaux.

Après une journée de navigation, il faut l'avouer peu intéressante sur le plan de la voile - heureusement, les relations avec l'équipage compensent largement ce manque - nous arrivons au mouillage au large de Bénodet, avec l'espoir d'une météo plus favorable pour demain.




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22 mai 2007 - Bénodet / Audierne


Coup de chance, nos voeux ont été exaucés! En montant sur le pont, nous constatons avec plaisir que le ciel plombé d'hier est aujourd'hui chargé d'une fine couche nuageuse, que le vent chasse facilement, laissant apercevoir des trouées bleues fort prometteuses.

Effectivement, dès que nous commençons à hisser les voiles, La Recouvrance prend de la vitesse sous l'action d'un bon vent de nord-nord-est. Avant de mettre toute la toile, Jean-Marc propose de mettre le zodiac à l'eau pour que nous puissions l'admirer et la photographier sous voiles, de l'extérieur. C'est vraiment sympa car les circonstances ne sont pas toujours favorables pour ce genre d'expédition. C'est la première fois que je vois la goélette de cette façon. Elle est vraiment splendide. Juste un regret, la misaine n'est pas établie. Mais il est vrai qu'avec cette voile, la goélette risquerait d'aller trop vite, et les manoeuvres de débarquement-embarquement auraient été sans doute beaucoup plus difficiles.

Nous devinons à terre la pointe de Penmarc'h et le fameux phare d'Eckmühl. Ce nom pas très breton vient de la bataille remportée par le Maréchal Davout. Sa fille légua par testament la somme de 300.000 francs, pour qu'un phare soit érigé en un point particulièrement dangereux des côtes de France. Elle voulait ainsi honorer la mémoire de son père, mais surtout permettre que les vies ainsi sauvées "rachètent les larmes versées pa la fatalité de la guerre".

Toute la journée, le vent souffle avec constance et on se paye une superbe journée de voile, La Recouvrance filant ses huit noeuds sans problème. Nous faisons juste deux petits virements de bord pour rester à bonne distance de la côte. Entre chaque manoeuvre, le pont baigné de soleil est l'endroit rêvé pour un moment de rêverie ou de sieste.

Dans l'après-midi, La Nébuleuse, un thonier-dundee commandé par le père de Yann s'approche de la goélette. Le photographe de presse qui est à bord est particulièrement vernis car il bénéficie des meilleures conditions possibles, et là, La Recouvrance a "tout dessus".

En fin de journée, nous arrivons en vue d'Audierne. La Nébuleuse est déjà là. Nous allons prendre un coffre un peu plus loin, en face de Sainte Evette.

Yann nous propose alors d'aller faire une petite visite à bord de La Nébuleuse, ce que j'accepte avec joie.

La Nébuleuse est un voilier de travail qui a fait - et fait parfois encore pour des croisières-pêche - la pêche au thon à la ligne. C'est un bateau rustique, costaud, parfaitement bien entretenu. Nous sommes surpris de constater que le pont est presque entièrement libre de toute construction. Comparé à celui de La Recouvrance à qui elle rend pourtant plusieurs mètres, le pont de La Nébuleuse paraît immense. Le thonier-dundee est un cotre à tape-cul, petit mât situé derrière la barre. De ce fait, en dehors du grand mât et de la timonerie, rien ne venait entraver les mouvements des pêcheurs. Curieusement, alors que le carré a été aménagé de manière à recevoir des petits séminaires d'entreprises, le côté hébergement est resté presque intact, au point de conserver les lits clos, typiquement bretons. Claustrophobes s'abstenir!

Pendant la première des deux visites Marie-Laure est allée explorer le beaupré assurée par Yannick. Comme de nombreux voiliers traditionnels, il n'y a pas de filet sous le beaupré de La Recouvrance. Je suppose que cet élément de sécurité n'a été introduit sur les voiliers que beaucoup plus tard. A l'époque, la vie d'un marin n'avait pas la même valeur qu'aujourd'hui. Il faut donc se contenter de se déplacer sur le marche-pied, avec un harnais de sécurité bien entendu.

La soirée est douce. J'en profite pour quelques faire quelques photos nocturnes, mais les mouvements du bateau, bien que de faible amplitude, limitent mes possibilités.




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23 mai 2007 - Audierne / Brest

Au réveil, le ciel est comme celui d'hier matin. Espérons que la journée sera aussi bonne et nous permettra de profiter des qualités du voilier.

Et c'est exactement ce qui se passe, même si le vent a légèrement tourné.

On ne tarde pas à approcher du Raz de Sein, et nous devinons dans la brume le phare de la Vieille. Comme l'avait annoncé Christian, le passage du Raz de Sein est caractérisé par une mer toujours un peu difficile. Et il est vrai que nous sommes un peu secoués. Mais rien de bien méchant. Simplement, comme au large de tous les caps, la mer est un peu désordonnée. Ca met juste un peu de piment tout en donnant l'occasion de faire quelques jolies photos de gerbes d'eau à l'avant de La Recouvrance.

Tout va pour le mieux. Il nous faut remonter un peu plus au vent désormais, et bien que par rapport aux voiliers modernes les vieux gréements de noient pas des modèles du genre en matière de remontée au vent, La Recouvrance montre néanmoins de réelles aptitudes.

A l'approche de la pointe du Toulinguet, tandis que nous devinons le phare de la Parquette, nous remarquons la présence de plusieurs bâtiments de la Marine Nationale, faisant route vers le large. Christian, qui est resté en étroites relations avec La Royale et qui connaît pas mal de choses sur le sujet pense qu'il s'agit sans doute d'une manoeuvre d'entraînement. En effet, quelques milles plus loin, nous apercevons comme une sorte de croix au dessus de l'eau. Il s'agit bel et bien du château d'un sous-marin naviguant en surface. Le submersible qui vient de quitter l'Ile Longue nous croise à une distance de deux ou trois cent mètres. Difficile à estimer. Le bâtiment fait sans doute plus de cent mètres de long mais nous n'en voyons que le dos. Tous les appareils photos disponibles à bord du voilier sont tournés vers le SNLE (sous-marin nucléaire lanceur d'engins). Tout à coup, panique à bord de La Recouvrance. Une vedette de la Gendarmerie Maritime fonce vers nous. Dans un commun réflexe, tous les appareils sont vite cachés, car nous pensons tous qu'on va nous dire qu'il est interdit de photographier. Mais là, on se fait vraiment du cinéma, car en fait, ces messieurs viennent nous dire que le sous-marin traîne derrière lui une antenne, et qu'il ne faut pas passer derrière lui à moins de 1000 mètres!

Entrant en Rade de Brest, le vent devient franchement défavorable, et il nous faut tirer des bords pour remonter au vent. Comme la Belle Poule que nous apercevons au sud. Mais pendant que nous réalisons difficilement un virement de bord, la Belle Poule en fait trois! Mais bon, c'est un voilier école aux mains d'officiers experts, et les gars qui tirent sur les cordages sont jeunes et vigoureux. Et plus nombreux que nous!

Enfin, nous arrivons dans le port de Brest. Et là nous découvrons, amarrée quai Malbert comme toujours lorsqu'elle n'est pas en opération ou en alerte, la masse imposante de l'Abeille Bourbon. 80 mètres, 3200 tonneaux, plus de 20.000 chevaux. On est vraiment impressionné devant ce monstre de puissance, qui malgré tout est d'une beauté incontestable. Et on ne peut s'empêcher de penser aux vies sauvées, aux sorties dans une mer déchaînée que Philip Plisson a si bien immortalisées, au courage de ces hommes qui ont risqué leur vie pour sauver celle des autres.

Voilà notre navigation terminée. Une fois de plus La Recouvrance et son équipage ont tenu leurs promesses. Car même si la météo n'a pas été de notre côté au début, nous avons passé trois jours formidables sur un voilier de rêve, encadrés par des marins au top.



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