Comment ne pas passer une journée à Malte, lorsque vous résidez pour une semaine dans un hôtel du sud de la Sicile, après un tour de l'île bien rempli, à deux pas de l'embarcadère pour l'île voisine qui n'est qu'à une heure et demie par navire à grande vitesse? Le farniente et les bains de soleil n'étant pas notre tasse de thé, nous avons beaucoup bougé pendant cette semaine, et nous n'avons pas évité la jounée maltaise.

Il faut donc considérer ces quelques photos comme prises lors d'une balade improvisée, et non comme une vrai visite touristique. Même si Malte n'est qu'un gros caillou au milieu de la Méditerranée, l'île mérite bien plus qu'une journée si on veut s'y intéresser.

Mais quelle idée d'aller à Malte un dimanche! Tout est fermé, les chauffeurs de taxi ne veulent pas nous prendre pour une course à la journée... mais l'un d'eux nous propose toutefois un "taxi" qui pouvait nous faire faire un tour en ville et nous emmener voir ce qu'il y avait de plus intéressant. Et c'est lui qui a négocié le tarif...! En fait, je pense que c'était un jeune étudiant, par ailleurs très cultivé qui arrondissait ses fins de mois en faisant le taxi dans une Mercédès hors d'âge, sans vitres, sans supension, une tige de ferraille terminée par une boule de bois tenant lieu de levier de vitesse, bref, une épave roulante.

Mais nous n'avons pas eu à regretter ce choix. Le brave jeune homme nous a emmenés au San Anton Gardens, autrement dit les jardins du Palais Présidentiel qui abritent une quantité impressionnante d'arbres exotiques, puis à Mdina, l'ancienne capitale à une dizaine de kilomètres de La Valette, avant de nous ramener aux portes de la capitale actuelle.

Toutefois, en l'espace d'une journée, Malte nous a laissée quelques impressions fortes. Sur cette île plutôt aride, l'urbanisation est importante (c'est l'une des population les plus denses au monde avec 1250 hab. au km²). Bien que cette population soit un mélange hérité des nombreuses occupations dont l'île a fait l'objet depuis l'Antiquité (Phéniciens, Grecs, Carthaginois, Romains...) on ressent la forte influence anglaise, Malte ayant fait partie de l'Empire Britannique de 1800 à 1964. Influence dont les Maltais cherchent de façon évidente à se débarrasser. Mais on y roule encore à gauche, on retrouve les traditionnelles cabines téléphoniques rouges d'outre-Manche, et les vieux autocars des anciennes colonies britanniques des années 60.

En 2001 nous avions eu la désagréable sensation d'une ville vieillissante, aux monuments mal entretenus menaçant de s'écrouler du fait des pierres malades qui s'effritent au moindre effleurement. Pourtant Malte tire d'importants bénéfices du tourisme, le port le plus profond d'Europe accueille les plus gros paquebots, et l'industrie des services s'y développe rapidement grâce notamment à internet. Mais à l'époque, nous avions l'impression d'un pays qui se cherchait, sorti avec fierté du Commonwealth, mais tiraillé entre ses racines latines et tunisiennes. A priori cela a bien changé depuis.