LA BOUDEUSE trois-mâts goélette
Convoyage Nantes / St Brieuc
28
juin - 2 juillet 2012
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Jeudi 28 juin 2012 13h40, les amarres sont larguées. Les aussières qui maintenaient La Boudeuse à quai depuis 18 mois dans le port de Nantes sont remontées sur le pont. Même si l'émotion est intense, l'impression de liberté n'est pas aussi forte qu'en 2009 lorsque nous avons quitté le quai de Bercy à Paris, après là aussi 18 mois de "prison" pour le trois-mâts. Contrairement à 2009, l'incertitude était levée depuis que l'ONG ACTED s'est alliée à La Boudeuse et a soldé ses dettes, et plus récemment lorsque l'AMF (Association des Maires de France) a donné pour mission au voilier d'emmener 128 jeunes issus de 32 communes dans une aventure extraordinaire qui les conduira vers l'Afrique, l'Amérique du Sud, le Cap Horn, l'île de Pâques, etc... De plus, à Nantes, le trois-mâts n'était pas coincé physiquement comme à Paris, et nous avons pu descendre l'estuaire de la Loire sous voile. Ne boudons pas notre plaisir, mes camarades de navigation et moi sommes particulièrement fiers d'être à bord de ce voilier qui nous tient tant à cur pour son grand retour à la mer. |
Nous devrions mettre trois ou quatre jours pour rejoindre le port du Légué ou La Boudeuse restera pour deux mois de travaux sur le gréement, le guindeau, le gouvernail, les boiseries. Les travaux sur la carène seront effectués ensuite à Cherbourg. Patrice Franceschi étant retenu à Paris pour des obligations administratives et devant répondre aux multiples invitations des médias depuis la sortie de son dernier livre "Avant la dernière ligne droite", c'est Jean-Yvon Combot - comme lors de la descente de la Seine en 2009 - qui commande le voilier. Pour moi qui n'ai pas eu à subir les affres du mal de mer, cette navigation a été un régal. D'abord, l'équipage est remarquable. Plusieurs sont à bord d'un vieux gréement pour la première fois, et ils effectuent une sorte d'examen de passage pour le grand départ en octobre prochain. Ils sont immédiatement dans le rythme et dans l'ambiance. Ensuite, dès mon premier quart de nuit, à 4h20, le moteur est stoppé. Lors d'un convoyage, il est impératif d'arriver à destination au plus tard au jour et à l'heure prévue. Si les conditions météo ne sont pas favorables, il est nécessaire de marcher au moteur pour arriver dans les temps. Mais d'abord Jean-Yvon et Hervé ont vu large et nous bénéficions de conditions qui nous permettront de naviguer à la voile jusqu'à Bréhat, où nous devrons passer la nuit au mouillage parce que nous nous avons tout simplement vingt quatre heures d'avance! Nous atteignons le Raz de Sein en début de l'après-midi du deuxième jour par une mer plutôt agitée, et lorsque nous approchons du phare de la Vieille par une forte houle, les pêcheurs de bars de ligne sont là pour nous offrir ce spectacle de folie, où chacun rivalise d'audace en flirtant avec les éperons rocheux, et où, on le sait, plus d'un y a laissé sa peau. A la hauteur des Sept Îles, nous passerons beaucoup plus près de l'Île Rouzic que nous ne l'avons fait en 2011 lors du Défi des Goélettes, et nous aurons ainsi le privilège d'admirer les milliers de Fous de Bassan, sur l'île, en l'air et en pêche. Suivre ces grands oiseaux au 300mm n'est pas évident du tout, mais heureusement, la mer est calme, le bateau ne roule pas trop, et j'ai la chance de réussir quelques images dont je ne suis pas mécontent. Le dernier jour nous longeons la côte depuis Paimpol jusqu'à St Brieuc. Bien que le ciel commence à se charger de gros nuages annonciateurs de belles averses, nous pouvons admirer la Bretagne vue de la mer. Pour ne pas perdre une minute, nous commençons à dégréer les voiles, à les plier et à les répertorier. A terre, elles seront remises à une entreprise pour être nettoyées. J'adresse
un grand merci à Patrice Franceschi grâce à qui quatre
Amis des Grands Voiliers ont eu le plaisir de naviguer sur La Boudeuse,
qui est sans doute avec Tara l'un des tous derniers voiliers d'exploration
au monde. La suite en images... |