En effet, parmi les bonnes surprises, les spectateurs, qui sont une fois de plus venus en nombre, ont eu le plaisir d'assister à une Parade d'ouverture. Elle fut sans doute moins grandiose que la traditionnelle Grande Parade finale, mais elle a offert un bien joli spectacle à tous ceux qui ne pouvaient pas assister à la totalité de la fête, et de plus sous un soleil radieux. Heureuse initiative donc qu'ont prise les organisateurs, car il est toujours un peu frustrant de ne pouvoir admirer l'ensemble des voiliers dans un ballet nautique rarissime.

Ensuite, ce rassemblement était placé sous le signe de la renaissance. Renaissance de voiliers historiques, qu'on avait donnés pour condamnés à une époque, et qui nous sont apparus plus beaux et plus fringants que jamais.

Le premier de ces voiliers sauvés de l'oubli à franchir l'entrée du Golfe entre la Pointe de Kerpenhir et Port-Navalo fut le 12 MJI France. Souvenez-vous, c'était le voilier construit par le Baron Bich dans les années 70 pour participer à la Coupe de l'America. Quarante trois ans après sa mise à l'eau, vingt ans après sa dernière sortie pour le compte de la Marine Nationale, ce magnifique voilier était de retour, Bruno Troublé à la barre, lui qui l'avait déjà skippé en 1977.

Puis ce fut au tour de Marité de faire son entrée. Resplendissant avec son gréement de trois-mâts goélette (il était auparavant gréé en goélette à trois mâts), sa restauration est une belle réussite. En 2005, pour la deuxième fois de sa vie - il fut restauré en Suède de 1979 à 1987 - le dernier morutier français ne peut plus naviguer. On a eu beau changer deux mâts, refaire le calfatage, le voilier est usé, les membrures et l'étrave n'en peuvent plus, les bordés sont hors d'âge. Le voilier restera de nombreuses semaines en cale sèche à Cherbourg, et on se posera beaucoup de questions sur l'avenir du Terre-Neuva. Fort heureusement, les travaux de restauration sont entrepris avant la crise financière de 2008 qui aurait sans doute signé l'arrêt de mort du voilier. Ces travaux sont menés par le Chantier Naval Bernard de Saint-Vaast la Hougue, d'abord dans la forme de Cherbourg, puis à Saint-Vaast la Hougue.

Suit à quelques encablures Biche, le dernier thonier groisillon, tangons en position de pêche. Ce voilier, je l'avais vu sur le quai Malbert à Brest en 2004. C'était une épave. J'admirais pourtant sa ligne remarquable, sans savoir de quel bateau il s'agissait, imaginant à l'époque qu'il finirait en tas de planches. Je ne savais pas alors qu'une poignée d'utopistes s'était déjà réunie pour sauver ce dernier témoin de la grande époque de la pêche au thon en Bretagne et jusqu'à l'Ile d'Yeu. Le travail effectué par le Chantier du Guip est fantastique. Certes, de l'épave du quai Malbert il ne reste sans doute plus qu'un clou et un morceau de bois, mais le résultat est là, le bateau est parfait. Il est aujourd'hui commandé par Yann de Kerdrel, que quelques Amis des Grands Voiliers ont eu le plaisir de connaître lorsqu'il était capitaine de La Recouvrance.

Un autre ancien capitaine de La Recouvrance, bien connu lui aussi de nombreux Amis des Grands Voiliers était à la fête pour cette Semaine du Golfe. Il s'agit de Yann Roger, à la barre de Loch Mona, un coquillier qu'il a sauvé d'une vasière et entièrement restauré avec l'aide de son ami Yannick, et que malheureusement je n'arriverai pas à photographier.. Franchement, ça fait chaud au cœur de voir ses magnifiques voiliers, refaits à neuf, prêts pour une nouvelle vie de plusieurs décennies de navigation traditionnelle à la voile.

Il y avait bien sûr d'autres Grands Voiliers à la Semaine du Golfe. Citons entre autres Etoile du Roy et Etoile de France, La Recouvrance, les deux lougres Belle Angèle et Corentin, la Cancalaise, Krog E Barz le langoustier de Port Navalo, Belle-Etoile, le harenguier hollandais Iris, le ketch anglais Bessie Ellen…

Cette année encore, les organisateurs de la Semaine du Golfe ont placé la barre très haut. Quelle surprise nous réservent-ils pour 2015 ?