Escale à Sète 2014




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Fan de Georges Brassens depuis mon adolescence, j'ai souvent rêvé me promener sur la plage de Sète, là où le chanteur-poète aurait aimé reposer. Hélas, je n'avais jusqu'à ce jour d'avril 2014 jamais eu l'occasion de venir dans la ville occitane. Certes, je n'y ai fait qu'un voyage éclair pour visiter ce rassemblement de Grands Voiliers et participer à une table ronde de France Bleu à bord de l'Amadeus, et je n'ai pas eu le temps d'aller faire quelques pas sur la plage de la Corniche. J'aurais aimé y découvrir un joli pin parasol. J'aurais alors imaginé Brassens, attendant patiemment qu'une ondine vienne gentiment sommeiller avec "moins que rien de costume"...
Ce sera sans doute pour une autre fois, car la ville mérite à elle seule que le voyageur y fasse une petite halte. Traversée par de larges canaux dont les eaux bleutées et transparentes relient la Méditerranée à l'étang de Thau, la ville est aérée, accueillante. De plus, j'avais la chance d'y trouver un ciel totalement dégagé, d'un bleu profond et lumineux.
Le rassemblement "Escale à Sète" a été bien préparé, deux "géants", le Sedov et le Kruzenshtern étaient à quai. Les deux voiliers russes sont les deux plus grands voiliers traditionnels au monde. Le premier, long de 117,50m fut lancé en 1921 sous le nom de Magdalene Vinnen, le second, long de 114,50m fut mis à l'eau en 1926 sous le nom de Padua. Ces quatre-mâts allemands ont été construits pour le transport de marchandise entre l'Europe et l'Amérique du sud, principalement. Après la seconde guerre mondiale, les deux voiliers furent remis à la Russie en tant que dommage de guerre. Le Sedov appartient aujourd'hui à l'Académie de Marine Marchande de Mourmansk, le Kruzenshtern à l'Académie de Marine de Pêche de Kaliningrad.
De 2000 à 2012, ces deux voiliers monumentaux ne sont plus venus en France en raison de l'inquiétude de leurs propriétaires de voir leurs voiliers saisis par les autorités maritimes françaises.
En 2000 en effet, le Sedov était invité aux fêtes de Brest, où il fut bloqué par les autorités maritimes à la suite d'une demande d'une compagnie suisse en procès avec la Fédération de Russie. Le voilier resta ainsi bloqué une huitaine de jours dans le port de Brest, jusqu'à ce que les autorités françaises considèrent que les voiliers appartenant à des académies indépendantes il ne pouvait être fait de lien avec les dettes passées de l'État Russe. Pendant plus de dix ans, les deux voiliers évitèrent donc les eaux territoriales françaises. Depuis 2012 ils reviennent enfin participer à nos rassemblements, et si le Sedov n'était pas à Rouen en juin 2013, c'est tout simplement parce que son tirant d'air ne lui permet pas de passer sous les ponts de la Seine.
Les deux voiliers russes, comme dans chaque port où ils font escale, ont attiré un public très nombreux. Et c'est une très bonne chose, car la manifestation mettait également en lumière une dizaine de voiliers patrimoniaux, de yachts classiques et de jolies embarcations aux couleurs vives: les fameuses barque catalanes..
Les voiliers de travail, thoniers, langoustiers, caboteurs, gabares ne sont pas souvent mis à l'honneur, et c'est fort dommage. D'abord parce que ce sont souvent de très beaux bateaux, à la carène splendide, et aussi parce qu'ils sont porteurs d'un historique exceptionnel. Ils ont souvent eu plusieurs vies, ont pour certains traversé les deux guerres mondiales, non sans dommages parfois, et ils sont toujours là, témoignages "vivants" de ce qu'était la marine avant que la vapeur puis le diesel, l'aluminium et les matériaux composites ne les relèguent à l'état de reliques.
Sur le quai rive droite du Canal Royal, le public pouvait ainsi admirer trois yachts classiques dont Irina VII, cotre bermudien construit en 1935 par le chantier de William Fife le fameux créateur des "plans Fife" comme Pen Duick, Belle Lurette construite dans les années 80 à Maisons Laffitte sur un bras mort de la Seine et réplique d'une goélette américaine de 1927.
Puis on y trouvait Vieux Crabe, un thonier de 1951, goélette aurique construite à Hambourg en 1945, Les Chemins du vent, caboteur anglais de 1948 donnés à la France avec trois autres bateaux pour redynamiser le commerce transmanche après la seconde guerre mondiale, La Grâce, brick tchèque réplique d'un voilier du XVIIIème siècle, Le Don du Vent, ketch aurique de 1943, construit à Brême pour la Kriegsmarine pour la surveillance des côtes, et enfin Amadeus, ketch aurique construit en Hollande en 1910.
Au delà de la criée, on pouvait dénombrer une soixantaine de voiles latines, principalement des barques catalanes, d'une grande élégance et hautes en couleurs. Parmi elles, un voilier attirait plus particulièrement l'attention des visiteurs, Gyptis.
Gyptis est la réplique à l'identique d'un voilier grec du VIème siècle avant notre ère. Les vestiges de l'embarcation ont été découverts en 1993 par l'archéologue Patrice Pomey lors de fouilles effectuées à Marseille. Il fait partie sans aucun doute des bateaux utilisés par les Grecs de la ville de Phocée en Asie Mineure pour établir des colonies sur les rivages méditerranéens, dont Massilia fondée par Protis, l'époux de Gyptis. Après de nombreuses années de recherches, des comparaisons ayant été faites avec des vestiges trouvés auparavant en Italie et en Sicile, les archéologues ont pu modéliser le voilier. Gyptis a été construit en huit mois, en 2013, selon les techniques utilisées par les Grecs. La coque est réalisée en pin d'Alep et on peut aisément remarquer les bordés "cousus" et l'étanchéité de la coque assurée par un mélange de cire et de poix de conifères. A l'extérieur de la coque ce même enduit est teinté d'oxyde de fer ou de charbon de bois.

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Retrouvez les fiches techniques de tous les voiliers sur www.amisdesgrandsvoiliers.org

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