CHARLES MARIE ketch de Granville
Convoyage Granville / Golfe du Morbihan
15 - 21 mai
2017


 

15 avril - Granville

Après un long trajet depuis Paris St Lazare, nous sommes cinq membres des Amis des Grands Voiliers à sortir de la gare de Granville où nous attendait Christian Mabire, le patron de Charles Marie, pour charger nos bagages dans la camionnette et les déposer sur le bateau. Une attention très appréciée. Une heure plus tard, nous sommes sur le pont de Charles Marie, amarré comme d'habitude quai S dans le bassin à flot, où nous avons retrouvé Christian, Clément Pasquier (que j'ai connu à bord d'Aztec Lady) et Samuel Delaunay, patron d'Esprit Grand Large et propriétaire du voilier, venu nous souhaiter une bonne navigation.
Briefing habituel sur le pont, pour nous expliquer comment va se passer la navigation, notre rôle à bord, les consignes de sécurité, etc... puis nous passons à la répartition des bannettes. Nous sommes cinq stagiaires, trois femmes - Diane, Nicole et Myriam, et deux hommes - Robin et moi. Mon copain Robin et moi prenons logiquement possession des bannettes situes tout à l'arrière et séparées du reste de la partie habitable. Les filles prennent place dans les cabines situées à l'avant et au milieu et donnant sur le carré.
Christian et Clément rentrent chez eux pour une dernière nuit en famille tandis que nous partons à la recherche d'un restaurant. On n'ira pas plus loin que le bout du quai, et le premier établissement fera l'affaire. Première nuit à bord, au calme.
Charles Marie est un joli ketch de 24 mètres en chêne et iroko, construit en 1968 à Granville. A l'origine, c'était un chalutier. Il sera armé à la pêche jusqu'en 1998. Il est alors racheté par Pierre Lehuby qui le restaure et le transforme en voilier. Christian Mabire qui a participé à la transformation, naviguera comme second de Pierre, et en deviendra le patron quand Pierre Lehuby s'en séparera pour acheter Aztec Lady. C'est un joli bateau, parfaitement bien entretenu. Si le carré est relativement modeste, il est parfaitement bien agencé, il n'y a aucune place perdue et on peut y stocker une quantité de vivres très importante, les bannettes sont spacieuses et confortables.





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16 mai Granville - Roscoff

Le petit déjeuner est pris après avoir effectué l'avitaillement du voilier, nous quittons Granville vers 10h à l'ouverture des portes. Le temps est agréable, un peu frais. Une petite brise nous permet d'envoyer l'artimon pour stabiliser le voilier. Dans la baie, la Granvillaise tire quelques bords et vient à notre rencontre. L'occasion pour nous de faire quelques photos de la bisquine.
Si le carré de Charles Marie est agréable, il faut reconnaître en revanche qu'il n'est pas bien grand. Ce qui est normal pour un voilier de cette taille. Mais déjeuner dans cet espace un peu confiné est un peu difficile pour mon ami Robin dont c'est le premier repas en mer. Pour les repas suivants, il préfèrera monter dans la timonerie.
En début d'après-midi le ciel se couvre d'une couche nuageuse bien uniforme. Il n'y a pratiquement plus de vent. On poursuit notre route accompagnés par le ronron du moteur. C'est dommage, le temps très couvert ne nous permet pas de profiter de la beauté du littoral. Nous passons au large des Héaux de Bréhat vers 17h30 avec une brume légère. Au passage entre les Sept Îles et la côte on note la présence de quelques Fous de Bassan. Un couple de guillemots qui semble discuter face à face plonge à quelques mètres du bateau. On voit leurs ventres blancs en passant à l'endroit où ils ont disparu sous l'eau. Un peu plus loin, ce sera un pingouin torda. Nous nous amarrons dans le port de Roscoff à 23h.





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17 mai Roscoff - Camaret

Il pleut dès le lever du jour. Il n'y a pas un souffle de vent. La mer est lisse, sans la moindre petite risée, juste les clochettes formées par la pluie. Il est totalement inutile d'envoyer la plus petite voile, elle ne servirait à rien. Une houle résiduelle fait rouler Charles Marie, ce que certains n'apprécient pas outre mesure. Au large de l'Aber Wrac'h on n'aperçoit que la base du phare de 'Île Vierge, le sommet est dans la brume! On aurait rêvé une meilleure météo, mais on fait avec. La timonerie est assez grande pour nous contenir presque tous. On en profite donc pour mieux connaître Christian et Clément, leur histoire maritime personnelle, celle du voilier, leurs derniers convoyages, etc... On dit souvent des marins que ce sont des taiseux, mais lorsqu'ils se sentent en confiance, ils ne sont pas avares d'anecdotes et on les écouterait pendant des heures. Surnommé le Viking, pour son allure et sans doute aussi pour sa vigueur, Christian s'amuse à nous raconter comment un viking en peluche s'est retrouvé dans la timonerie qu'il ne quitte plus!
Alors que nous approchons du chenal du Four, la question est de savoir où aller pour le mouillage de ce soir: Sein ou Camaret? On aurait bien aimé poser le pied sur l'île, mais il est évident qu'en cette saison, avec un temps aussi maussade, une promenade à Sein n'offrira pas grand intérêt, d'autant qu'il nous faudrait une petite heure de navigation supplémentaire pour y parvenir. A la Pointe St Mathieu on met donc le cap sur Camaret que nous atteignons un peu avant 17h.
Charles Marie est amarré au ponton "anti-clapot" , un ponton flottant en béton qui évoque en miniature le port artificiel d'Arromanches. Nous débarquons pour un petit tour sur le port. Visite de la chapelle, où nous ne verrons pas le curé, et séance photo traditionnelle du cimetière à bateaux du Sillon. Nous prenons une bière dans un café. Au dessus de nos têtes sont accrochés trois cartes marines sur lesquels les phares sont figurés au moyen de petites ampoules clignotant au rythme et selon les couleurs des vrais. Du jamais vu pour nous. Mais ça doit coûter un bras!

 

 



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18 mai Camaret - Groix

Les amarres sont largués peu après 9h. Le ciel est encore nuageux, mais il y a un peu de vent et on sent que ça va se dégager. Au passage de la Pointe du Toulinguet, on peut enfin envoyer toute la toile et couper le moteur. On goûte enfin au plaisir de naviguer à la voile. Hélas, ce moment de pur bonheur sera de courte durée. Une demi-heure plus tard, le vent et le courant défavorables obligent Christian à remettre le moteur en route. Au passage près de Tévennec nous avons une pensée émue pour notre ami Marc Pointud, Président de la Société Nationale pour le Patrimoine des Phares et Balises, qui y a passé 69 jours seul en pleine hiver pour attirer l'attention du public et des autorités sur l'état de dégradation des phares de France en général, celui de Tévennec en particulier. Puis nous passons au large de la Vieille, d'Eckmühl, de Penfret. Bientôt nous devinons le phare de Pen Men et les falaise de Groix et faisons notre entrée dans le joli petit abri de Port Tudy.
Un voilier de location est amarré au coffre, et il nous devons prendre deux bouées derrière le voilier, ce qui ne plaît guère au capitaine. Mais le skipper du voilier propose de déplacer son bateau pour qu'on puisse prendre le coffre, ce qui compte tenu du tonnage respectif des deux unités est beaucoup plus logique. Pour les remercier, Christian leur propose de visiter Charles Marie, ce qu'ils font bien sûr avec grand plaisir. Leur étonnement et leur admiration font plaisir à voir, et nous restons quant à nous totalement épatés par la pertinence des questions posées par les deux enfants de 12 et 14 ans, et de leur politesse. Comme quoi...
Après le dîner, Myriam propose de nous emmener dans un bar connu paraît-il dans le monde entier: le Ti Beudeff. L'endroit est en effet typique, nous prenons place autour d'une grande table ronde sur laquelle des dizaines, voire des centaines de couteaux de marins ont ciselé des prénoms ou de simples initiales. Les soirs de fête la bière et le rhum doivent couler à flots!









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19 mai Groix - Port Haliguen

Ce matin, nous avons quartier libre. Il n'y a que 4h de navigation environ entre Port Tudy et Port Haliguen où Hugo nous rejoindra pour nous mener dans le Golfe. La matinée est donc mise à profit pour aller nous promener dans Port Tudy. Il n'y a pas trente six mille rues dans ce joli port groisillon, aussi nous grimpons illico le petit raidillon qui nous amène au coeur du village. Nous visitons la jolie petite église de Saint Tudy à l'architecture du XVème siècle et dont la girouette représente un thon germon, symbole de l'époque ou Groix était le plus grand port de pêche au thon en France. Comme dans la plupart des églises du littoral breton, des maquettes de bateaux, ici des thoniers bien sûr, décorent l'intérieur. Autre symbole fort, une maquette d'une vedette SNSM rappelle le lourd tribut payé par les marins pêcheurs.
Nus revenons vers le port après quelques emplettes locales en passant par une petite ruelle qui conduit à une sorte de belvédère surplombant l'anse qui abrite le port. La vue est magnifique, le littoral offre une palette de couleurs que beaucoup vont chercher sous les tropiques!
Nous quittons Port Tudy après le déjeuner. Cap au Sud-Sud-Est en direction de Quiberon. Peu après 16h nous contournons le phare de la Teignouse pour entrer en baie de Quiberon. A 17h30 nous sommes amarrés à Port Haliguen. Pen Duick II est amarré à un autre ponton, à une trentaine de mètres. Christian Bickert qui habite à une trentaine de kilomètres nous rejoint pour le dîner. Ce soir, il y aura des galettes au menu, magnifiquement préparées par Clément qui nous aura régalés tout au long de cette navigation.
A 19h30 Arawak vient se mettre à quai juste derrière Charles Marie. Nous allons bien sûr saluer l'équipage et je retrouve avec plaisir Dominique et son fils Sébastien. Ce soir le ciel est dégagé, il n'y a pas de vent, la nuit sera douce.

 




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20 mai Port Haliguen - Port Blanc

Fidèle au rendez-vous, Hugo est là avec son bateau et ses amis. Hugo connaît particulièrement bien le Golfe du Morbihan. Nous allons le suivre jusqu'à un mouillage à l'Île aux Moines, plage du Lério. Myriam a pris la barre peu après le départ de Port Haliguen, et elle la conservera jusqu'au mouillage. Elle en est plutôt fière, et on la comprend!
Normalement, on aurait dû débarquer à Port Blanc. Car pour le reste de la journée Hugo doit montrer à Christian et à Clément quels sont les pièges à éviter dans le Golfe, avec ses ilots qui découvrent à marée basse, les courants violents qui s'inversent avec les marées, les hauts fonds. Il va également leur montrer quels sont les sites où il sera bon d'emmener les gens qui vont embarquer pendant toute la semaine. Mais comme on s'est bien entendus avec les marins pendant tout le convoyage, Christian accepte de nous garder à bord toute la journée, avec pour seule consigne de ne les déranger sous aucun prétexte. On va donc aller visiter tous les jolis coins du Golfe, et ça c'est la cerise sur le gâteau.
Sur le plan de la navigation à voile, ce convoyage ne restera pas dans les annales. Pas ou peu de vent, et quand il y en avait, il était plutôt défavorable et remonter au vent n'est pas la qualité première de Charles Marie. Mais le voilier est accueillant, confortable. On s'y sent bien. Et quand il pleut toute la journée sans discontinuer, on apprécie la timonerie dans laquelle on peut tenir à cinq ou six, bien eu sec.
Mais c'est surtout grâce à l'équipage que cette navigation qui aurait pu être monotone s'est transformée en partie de plaisir. Nous avons beaucoup échangé avec Christian et Clément, nous avons eu de bons moments de franche rigolade mais aussi des discussions beaucoup plus sérieuses, sur leur métier si particulier, les guerres de clochers assez cocasses entre Malouins et Granvillais, sur la vie en général. Et quand nous avons posé le pied sur la cale de Port Blanc, j'ai vu couler quelques petites larmes...

 



Voir la fiche technique d'Aztec Lady
(pas opérationnelle sur le site des Amis des Grands Voiliers)

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