BONNEVAL EN HIVER (France - Savoie)



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Si la montagne offre au promeneur ou au skieur de loisir un univers riant, ou tout n'est que plaisir et joie, elle est pourtant redoutable quand le froid, le vent, la neige conjuguent leurs efforts pour la rendre terriblement meurtrière. Comme la mer, la montagne ne se dompte pas. Ceux qui ont cru pouvoir la dominer ne sont plus là pour en parler. Comme avec la mer, on peut composer avec la montagne, en connaître les richesses et les dangers et faire avec ce qu'elle nous offre, sans rien lui demander de plus. C'est à cette condition que depuis des siècles, les hommes y ont trouvé refuge et ont su y vivre et construire des villages au charme incroyable.

Bonneval sur Arc est de ces villages là, peut-être même le plus typique, le plus emblématique. Blotties au fond de la vallée de l'Arc à 1800 mètres d'altitude, serrées les unes contre les autres pour mieux résister au froid, les maisons aux toits de lauzes se recouvrent tous les ans d'une énorme couverture blanche. Phénomène météorologique exceptionnel? Résultat d'une configuration particulière de la vallée de l'Arc butant contre les glaciers du Montet, de la Levanna, du Mulinet et des Evettes? Il est de fait qu'en règle générale, il tombe deux fois plus de neige à Bonneval que sur les autres villages de Haute Maurienne. Il n'y a pas encore si longtemps, on avait coutume de dire chaque hiver "Bonneval est coupée de la France". Les villageois eux disaient "La France est coupée de Bonneval". Car chaque hiver, des avalanches coupaient la route reliant Bessans à Bonneval, rendant toute communication impossible pendant des jours et des semaines. Aujourd'hui, les équipes de prévention des avalanches les déclenchent avant que le manteau neigeux, alourdi et déstabilisé ne glisse de lui-même dans la vallée.

Une question vient immanquablement à l'esprit: comment il y a mille cinq cent ans, des hommes et des femmes ont eu l'idée et le courage de venir vivre dans un endroit aussi reculé, aussi hostile, inhospitalier? Car ici l'hiver dure plus longtemps qu'ailleurs et il y est plus rigoureux aussi. On parle de pâtres piémontais qui venaient faire paître leurs troupeaux en été vers le Vème ou VIème siècle. On parle aussi de barbares refoulés par les chrétiens au VIIIème siècle, et qui exploitèrent alors les grandes forêts de la vallée et les mines de métaux qu'ils découvrirent au delà du hameau de l'Ecot. Toujours est-il qu'il fallait avoir l'âme chevillée au corps pour s'installer ici, les actuels habitants de Bonneval ne me démentiront pas.

Si comme moi vous allez vous promener dans les ruelles de Bonneval ayez sans cesse l'œil aux aguets, sollicité de tous côtés que vous serez par des points de vue furtifs et peu communs. Ici, les toits de deux maisons sont littéralement soudés par les couvertures de neige qui se sont rejointes, là une cascade de glace reste accrochée à une gouttière, ou là encore, un curieux amas de neige a été sculpté par le vent. Et si vous rencontrez un chien de troupeau, lancez lui une boule de neige bien dure, il se fera un plaisir de l'intercepter dans une superbe cabriole.

Chaque hiver, depuis maintenant vingt ans, je ne peux résister au plaisir de me rendre à Bonneval, appareil photo en main, en quête de nouvelles images.

Ce sont ces photos, prises entre 1995 et 2014, que je vous propose dans cette galerie.



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